Un peu de cinéma: Matthias et Maxime (2019), Xavier Dolan

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Le 24 septembre dernier, Xavier Dolan et son équipe de tournée étaient présents au cinéma Tapis Rouge de Trois-Rivières, afin d’assister en compagnie du public à une projection spéciale de son tout dernier film, Matthias et Maxime (2019). Présenté lors du 72e Festival de Cannes, ce long-métrage faisait partie de la sélection officielle et était en lice pour obtenir la Palme d’Or. De plus, le film avait notamment été sélectionné afin d’obtenir la Palme Queer, prix qui récompense depuis 2010 les films mettant de l’avant la communauté LGBTQ+.

Un film touchant, drôle et bouleversant

Dès les premières scènes de Matthias et Maxime, le spectateur comprend rapidement que le film sera chargé émotionnellement. À la suite de la perte d’un pari lancé par Rivette (Pierre-Luc Funk), Matthias (Gabriel D’Almeida Freitas) devra participer avec Maxime (Xavier Dolan) au tournage du court-métrage de la sœur de Rivette. Jusqu’ici, tout va bien, cependant, il ne suffit que d’un baiser entre amis lors du tournage afin de projeter Matthias dans une profonde remise en question existentielle.

Dès les premières scènes, le spectateur comprend que le film sera chargé émotionnellement.

Amis depuis l’enfance, la relation entre Matthias et Maxime sera mise à l’épreuve en raison de ce baiser sans importance ni signification. Matthias, jeune avocat provenant d’une famille aisée, et Maxime, issu d’un milieu familial difficile, nous rappelle sans surprise J’ai tué ma mère. La présence d’une tache de naissance au visage de Maxime permet aux spectateurs de comprendre rapidement que celui-ci a été marqué par l’intimidation et le rejet. Une image forte, celle d’un jeune homme blessé par la vie.

Voyant arriver le départ de Maxime pour l’Australie, le groupe d’amis se retrouve afin de célébrer et souhaiter bon voyage à celui-ci. Matthias devra effectuer des choix difficiles afin de contrer le mal-être qu’il ressent face à son ami. Et si c’était plus que de l’amitié?

Xavier Dolan à son meilleur

Matthias et Maxime est un film portant sur l’amitié et la complexité des rapports humains. Souvent catégorisé comme LGBTQ+, le cinéma de Xavier Dolan aborde certes la thématique de l’homosexualité, mais c’est avant tout un cinéma humaniste qui relate de touchantes histoires d’amour. Peu de films québécois abordent l’amour homosexuel avec autant de sensibilité. Ce type de cinéma, mais plus particulièrement la présence de ce type de film, est essentiel, puisqu’il met de l’avant une réalité très longtemps délaissée ou reléguée au second plan dans l’histoire du cinéma québécois.

L’une des thématiques principales est la peur du changement.

L’une des thématiques principales du film est la peur du changement, cette volonté de changer et de trouver sa place dans le monde. Ici, le changement s’incarne par le voyage: mais est-ce un changement ou tout simplement une fuite? Les personnages vont être amenés à se questionner sur leur place dans le monde et sur la conception du bonheur. Outre la remise en question de l’orientation sexuelle de Matthias, le baiser entre les deux hommes marque notamment la fin d’une époque, de l’innocence et de l’enfance.

L’utilisation du langage dans ce film est incroyable et d’une grande véracité. Le spectateur ressent la complicité des acteurs, amis dans la vie comme à l’écran. Contrairement à de nombreux films québécois où l’utilisation d’un langage trop soigné nuit grandement au naturel des personnages, ici c’est totalement l’inverse. Matthias et Maxime nous plonge sans compromis dans l’univers d’une bande d’amis qui, malgré de hautes études, n’ont aucune retenue de langage.

C’est avec humour que Xavier Dolan critique de bon cœur le cinéma de Denys Arcand en soulignant des discussions de fellations au passé simple, rappelant le personnage de Pierre Curzi dans Le Déclin de l’empire américain (1986). De l’autre côté du spectre du langage, Xavier Dolan s’amuse à tourner au ridicule l’utilisation du «franglais» par les jeunes, par le biais de la sœur de Rivette, personnage exécrable et drôle à la fois.

C’est avec humour que Xavier Dolan critique de bon cœur le cinéma de Denys Arcand.

Matthias et Maxime marque le retour de la mère, personnage incontournable des films de Xavier Dolan, et encore une fois interprété par l’excellente Anne Dorval. La mère de Maxime est une femme aux prises avec des problèmes de consommation de drogues et d’alcool. Contrairement aux relations mères-fils présentes dans les films J’ai tué ma mère (2009) et Mommy (2014), Xavier Dolan nous propose une relation inversée, où le fils vulnérable et rempli d’amour pour sa mère devra exercer le rôle maternel, afin de venir en aide à une mère colérique et violente.

En terminant, comme dans tous ses films précédents, l’utilisation de la musique est très importante. Pour Matthias et Maxime, Xavier Dolan a fait appel au talent musical du pianiste Jean-Michel Blais. Les nombreuses pièces mélancoliques de Blais vont, tout au long du récit, bercer les personnages de Matthias et Maxime, et alimenter l’intensité de la réflexion et de l’introspection de ceux-ci.

Matthias et Maxime est un film à voir et revoir en salle à partir
du 9 octobre.

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