Voyage au centre du campus: La saison des portes ouvertes ― C’est du sport!

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C’est en ce mois de novembre que se battent, pour un premier round, toutes les universités québécoises afin d’attirer les meilleurs étudiants collégiaux, les meilleurs candidats étrangers et, bien entendu, le plus grand nombre possible de gens, dont ceux qui ne seront pas admis ailleurs. Chacune des universités mettra de l’avant ses spécificités et ses programmes uniques au Québec ou au Canada. Elles seront toutes les plus accueillantes, les plus reconnues, «les plus meilleures». Quoi qu’il en soit, quand c’est rendu qu’on voit un pub télé de l’UQTR à Boucherville, on sent que ça joue du coude ces temps-ci.

Une éolienne! Ma mère va capoter!

En 2010, en m’inscrivant à l’université, je n’avais même pas pensé à me déplacer aux portes ouvertes. Je n’avais jamais mis les pieds à l’Université du Québec à Trois-Rivières avant d’y être admis. En fait, la première fois que j’ai vu l’université et son campus de mes propres yeux, c’était le jour de mon déménagement. Mon premier contact a donc été les belles vieilles résidences étudiantes brunes du Gite universitaire. Moi qui croyais, avec beaucoup d’enthousiasme, habiter avec du monde de la région, je me retrouvai sur le cul en ouvrant la porte de mon appartement. Bonjour l’Afrique! Mes colocataires étaient Sénégalais et Nigériens. Toute qu’une région! Pas grave, je me suis dit. J’étais alors certain que j’allais leur partager mon bagage culturel québécois et qu’ils feraient de même en retour. J’allais leur faire aimer le Québec! Échec. Ils étaient déjà à Trois-Rivières depuis deux ou trois ans, finissaient chacun leur baccalauréat en génie électrique et n’avaient rien à cirer du p’tit gars de la banlieue montréalaise.

C’est donc ça l’effet de surprise que l’UQTR m’a offert. J’aurais peut-être dû y aller, à la porte ouverte. Sur Internet, ce n’est pas pareil. Il fait toujours soleil, la collégialité des étudiants est palpable, les résidences universitaires sont franchement rénovées, il n’y a pas d’odeur. Hélas! Tout ça, c’est comme Facebook, on y présente tout à son meilleur. De toute façon, on ne comprend pas réellement la dynamique universitaire tant qu’on ne l’a pas vécue.

Université, ouvre-toi!

Il y a des universités qui font réellement des pieds et des mains pour faire de ce type de journée un succès monstre. Par exemple, cette année, l’université de Sherbrooke nolise des autobus qui partent de Montréal et Québec en s’arrêtant prendre des gens à Victoriaville, Granby et Bromont, tout ça pour remplir son centre sportif de curieux. Ils attendent en tout 2000 personnes. En comparaison, 638 personnes se sont déplacées au CAPS le 2 novembre dernier.

Est-ce exagéré? Attendez un peu d’entendre celle-là! À ma dernière année de cégep, l’Université du Québec à Rimouski m’avait invité à lui rendre visite en me payant l’aller-retour en autobus à partir de Montréal, la chambre d’hôtel pour une nuit, le déjeuner et un diner, la demande d’admission gratuite, la visite du campus et la visite de la ville. Tout ça gratuitement! J’avais pensé y aller… pas nécessairement pour m’y inscrire, mais simplement pour l’occasion offerte de visiter le petit coin de pays de Boucar Diouf. Au fait, cela s’offrait à n’importe quel intéressé, pas seulement à moi.

À l’appel de l’international

Les universités du Québec cherchent à remplir leurs classes, ça se comprend. Avec une légère baisse démographique en vue, quoi de mieux que de plancher sur les étudiants étrangers. Par exemple, l’Université de Montréal a continuellement des représentants envoyés aux quatre coins de la francophonie afin de recruter à l’international. Ça rapporte, ces étudiants-là! Pendant que ça nous coute, étudiants québécois, environ 1500$ par session, il en coute aux étudiants non québécois environ 8810$ par session. Je viens peut-être d’élucider le mystère de mes deux anciens colocataires. Pendant que je tentais de sympathiser, eux, ce qu’ils voyaient, c’est le compteur qui tournait!

J’aurais peut-être dû y aller, à la porte ouverte.

À l’automne 2012, il y avait 750 étudiants étrangers à l’UQTR. C’est seulement 2,4% des étudiants étrangers du Québec. On en reçoit en tout 30 677. Pendant que les universités francophones se partagent les étudiants d’origine française (1er rang), McGill et Concordia ont probablement le monopole des étudiants des États-Unis (2e), de la Chine (3e), de l’Iran (4e) et de l’Inde (5e). Une flopée d’étudiants provenant d’Afrique et d’Europe suivent ensuite. D’ailleurs, à l’UQTR, et cela m’étonne, la Chine est au premier rang, suivi de la France, du Maroc et du Cameroun.

Pour en finir avec les portes ouvertes, si vous vous demandiez au printemps 2012 pourquoi les universités voulaient autant augmenter leurs dépenses dans le «positionnement concurrentiel des établissements universitaires», n’allez pas chercher plus loin. Après Noël, n’ayez crainte, à la télévision, comme dans tous les autres médias, on vous annoncera le deuxième round de portes ouvertes et on vous scandera l’objectif «premier mars». Ne l’oubliez surtout pas!

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