L’actualité démystifiée: Politique et justice

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Au moment où le journal sera imprimé, le sujet de la présente chronique ne sera probablement plus d’actualité. Je ne suis pas la seule à l’avoir fait entendre, le format du journal ne nous permet pas de sortir la nouvelle au moment même où l’évènement survient. Si, en général, j’essaie d’aborder des sujets d’actualité sans date de péremption, celui d’aujourd’hui risque de vous sembler désuet au moment où vous lirez ces lignes. Le sujet, toutefois, mérite d’être soulevé.

La tragique histoire d’une minorité

Tout a commencé en 2014 lorsque la GRC a publié un rapport intitulé Les femmes autochtones disparues et assassinées. Un aperçu opérationnel national. Dans ce rapport, on rapporte un total de 1181 femmes autochtones disparues ou assassinées entre 1980 et 2012. 1017 d’entre elles sont mortes par homicide.

Sachant que, pendant cette période, 6551 femmes avaient été assassinées, la proportion de femmes autochtones s’élève à 16%, une proportion dérangeante qui démontre que les femmes autochtones sont surreprésentées parmi les femmes disparues ou assassinées au Canada.

Le rapport montre également que la cause de décès varie lorsque la victime d’un homicide est une femme autochtone. En effet, 32% des femmes autochtones victimes d’homicide sont décédées à la suite de coups. Cette proportion s’abaisse à 17% dans le cas des femmes non autochtones.

L’équipe d’Enquête, choquée par les résultats rendus dans le rapport, a décidé de poursuivre l’investigation. Le 22 octobre dernier, l’émission présentait un reportage sur une femme disparue à Val-d’Or, Sindy Ruperthouse. Croyant seulement vérifier que la Sureté du Québec avait tout mis en œuvre pour retrouver la jeune femme disparue, l’équipe ne s’attendait pas à faire la préoccupante découverte des agressions orchestrées par les représentants mêmes de la sécurité et de la justice.

Aux prises avec des problèmes de consommation, certaines ont dû se prostituer auprès des policiers de la Sureté du Québec, censés les protéger.

De jeunes autochtones ont bien voulu se confier à la journaliste, Josée Dupuis, ce qui a donné lieu à un reportage à la fois troublant et choquant. Aux prises avec des problèmes de consommation, certaines ont dû se prostituer auprès des policiers de la Sureté du Québec, censés les protéger.

D’autres ont été embarqués par des policiers pour état d’ivresse sur la voie publique. Une fois dans la voiture, le sort de chacune variait. Celles qui devaient subir un interrogatoire se rendaient au poste de police où elles devaient alors avoir une relation sexuelle avec le policier censé les interroger.

Certaines croyaient se rendre au poste de police, mais étaient finalement emmenées de force ailleurs, parfois dans un petit boisé où elles devaient faire une fellation aux policiers qui les accompagnaient, parfois loin de la ville d’où elles devaient rentrer à pied, hiver comme été, pour leur permettre de dégriser, leur affirmait-on.

Chacune des femmes interrogées avait son histoire. Chacune était aussi en mesure de raconter ce qui était arrivé à leur sœur, à leur cousine ou à leur mère. Chacune en avait beaucoup sur le cœur et, surtout, chacune se sentait impuissante, alors que non seulement l’autorité ne les protégeait pas, mais était en fait la source de leurs souffrances.

Des changements s’installent toutefois au Canada, permettant à ces victimes d’entretenir l’espoir d’obtenir justice.

Chacune en avait beaucoup sur le cœur et, surtout, chacune se sentait impuissante, alors que non seulement l’autorité ne les protégeait pas, mais était en fait la source de leurs souffrances.

Tradition politique et autres niaiseries

Il était certes de tradition que le premier ministre et ses ministres se présentent un à un en limousine à Rideau Hall pour la cérémonie d’assermentation. Un vent de fraicheur vient toutefois de souffler sur Ottawa.

C’est main dans la main avec sa femme, Sophie Grégoire, que Justin Trudeau a marché jusqu’à Rideau Hall, en tête des membres de son cabinet de ministres. Leurs trois enfants, les attendant patiemment depuis plusieurs minutes sur le parvis de la résidence, les ont accueillis en se jetant dans leurs bras.

Le tout nouveau gouvernement libéral a très certainement cherché à rompre avec les traditions conservatrices, puisque le public était de surcroit officiellement invité à assister à la cérémonie.

C’est donc sous le signe du changement que Justin Trudeau a présenté son cabinet de ministres. Atteignant une parité maintes fois réclamée, Trudeau y a également nommé deux élus d’origine autochtone, une réfugiée afghane et deux députés vivant avec un handicap. Il voulait, affirme-t-il, former un cabinet de ministres à l’image de la population canadienne.

L’une de ces femmes autochtones, Jody Wilson Raybould, a été nommée ministre de la Justice. Tenir une commission d’enquête fédérale sur les femmes autochtones assassinées ou disparues était l’une des promesses électorales de Justin Trudeau et cette nomination et un pas de plus vers la justice.

Est-ce là le signe d’un avenir meilleur? J’ose croire que oui. Espérons seulement que le nouveau gouvernement fédéral permettra à toutes ces femmes de sortir de l’ombre pour dénoncer leurs agresseurs. Après 35 ans de silence et de résignation, il serait franchement temps pour elles de finalement obtenir un sursis et pour les coupables de répondre de leurs actes.

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