D’une foulée à l’autre : La routine, ce rouleau compresseur

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À la manière du pianiste qui pratique ses gammes et de la chanteuse qui s’adonne à ses vocalises, l’athlète, en tant qu’artiste, s’ancre lui aussi dans cette forme d’éternel et répétitif rituel qu’est la routine.

Lever, coucher et siestes à heures fixes, alimentation typée et exempte d’imprévus, enchaînement incessant d’entraînements tantôt généraux, tantôt techniques et tantôt spécifiques, préparation dite «invisible» s’articulant autour de séances d’étirements et de moyens de récupération comme les bains glacés ou les massages, travail psychologique sous forme de pratique mentale… autant d’éléments qui composent la routine quotidienne de celui qui s’entraîne en vue de performer. Autant d’éléments qui, vus de l’extérieur, peuvent sembler éreintants, épuisants et dénués de sens véritable.

En effet, la routine suivie par un athlète parait assez chargée, peut-être même trop. De multiples questions viennent alors à l’esprit : comment fait-il pour s’y retrouver dans ce flot incessant de gestes disparates et, à la limite, superstitieux? Pris individuellement, les constituants de cette routine sont-ils seulement cohérents, raisonnés? Ne perd-il pas son temps et son énergie à en faire tant? Ne s’éloigne-t-il pas de son objectif premier qui est de simplement gagner?

Alors, efficace ou non la routine chez l’athlète? Et si oui, pourquoi donc?

Petites victoires

À la base de l’efficacité même des routines, il y a le concept selon lequel un éléphant, ça se mange par petites bouchées, qu’une maison, ça se bâtit une brique après l’autre, bref, que le succès est indissociable du travail. Thomas Edison lui-même soutenait que le génie, proche parent du succès et de la réussite, consistait en 99% de travail acharné pour 1% de talent pur.

Dans cette optique, la routine, c’est-à-dire la répétition mécanique, quotidienne et monotone de gestes précis tout sauf laissés au hasard, constitue une suite continue de petites victoires qui, mises les unes à la suite des autres, créent un véritable effet d’entraînement. À chaque fois qu’un athlète complète un des nombreux actes de sa routine, il met non seulement en place les ingrédients pour favoriser la prochaine petite victoire, mais également ceux pour favoriser la plus grande, celle souhaitée.

Les petites victoires agissent sur l’athlète comme des motivateurs qui le convainquent de l’efficacité de sa démarche et de sa capacité à atteindre ses objectifs. Elles lui donnent littéralement l’impression de bâtir pièce par pièce son succès. La routine, quant à elle, n’est que le moule, la forme dans laquelle s’organisent ces innombrables petites victoires.

Adopter la routine permet à l’athlète de s’ancrer dans le moment présent, dans ce qu’il peut faire au jour le jour pour continuer à avancer et à atténuer cette sensation très désagréable qu’est celle de stagner. Chaque petit geste qui la compose lui offre l’opportunité de mesurer au quotidien ses ressources disponibles tout en gardant en tête ses limites actuelles ainsi que ses points faibles, ceux sur lesquels il se doit de travailler. Une excellente façon de le garder concentré – pour ne pas dire complètement absorbé – sur sa démarche d’entraînement et non sur ses affects négatifs.

Au jour le jour, la routine permet également à l’athlète d’aborder la compétition de manière sereine, en étant ni trop stressé, ni trop calme. Sorte de méditation en mouvement, elle plonge l’athlète dans un scénario idéal où chaque étape de sa routine (sommeil, repas, échauffement et ainsi de suite) constitue une succession logique de petites victoires toutes méritées. Comme tel, le moment fatidique, c’est-à-dire la compétition en soi, n’est plus qu’une autre étape sur un chemin qui, jusque-là, n’a été ponctué que d’une série de victoires.

Gagner devient alors une extension naturelle, une continuité de ce qui a été entamé précédemment. L’inertie créée par le doute, les appréhensions et l’insécurité n’existe plus; une fois la victoire lancée par la routine, celle-ci ne dévie plus de sa trajectoire. Véritable rouleau compresseur, elle écrase tout sur son passage, rien ne lui résiste.

Bref, la routine favorise le flow, c’est-à-dire un état d’esprit intimement associé à la performance optimale, celle tant recherchée et désirée.

À savoir

Vous le devinez sûrement : la routine n’est pas réservée qu’aux athlètes ou aux grands virtuoses. Non, elle peut également être adoptée par le commun des mortels, qu’il soit sportif du dimanche ou simple travailleur de bureau. En effet, chacun peut profiter de son très grand potentiel à amorcer ainsi qu’à alimenter les changements de comportements les plus divers.

Pour cela il ne suffit que de respecter quelques règles d’or.

  • Ne vous laissez pas dicter de routines par personne d’autre que vous-même. Vous êtes le mieux placé pour savoir ce qui vous convient, ce qui vous sécurise et ce qui vous correspond le mieux.
  • N’hésitez toutefois pas à expérimenter différentes combinaisons. Cela peut prendre des années avant de trouver le dosage et l’agencement idéal de petites victoires. N’oubliez pas que l’exercice en est un subjectif et que, par conséquent, ce qui marchait hier ne marchera peut-être pas demain.
  • Il peut être utile d’appuyer cette démarche avec un outil de suivi (journal de bord, application pour téléphone intelligent, etc.), question de garder des traces de ce qui a été fait, de ce qui a bien et moins bien fonctionné et des constantes remarquées.
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