Éditorial : Québec décide de ne pas considérer les étudiants

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Le premier ministre François Legault. Crédits : La Presse.

Sincèrement, je crois, enfin, j’affirme que la condition étudiante est fastidieuse. Oups, je l’ai dit. Et oui, une étudiante qui se plaint une fois de plus. Ce n’est pas grave, de toute façon, on ne nous écoute pas. En fait, le Québec décide de ne pas nous écouter. On parle d’inflation, on parle de crise du logement, on parle d’argent supposément détourné par la CAQ prévue pour nous, de stages non-rémunérés, de conditions de travail difficiles, mais on ne parle pas des étudiants, et encore moins de l’inégalité que vivent ceux-ci entre eux. Vous avez très fort probablement entendu la fameuse phrase : « Moi aussi, je suis déjà passé par là et je suis pas mort !». Très certainement que tu n’es pas mort, sinon tu ne serais pas là pour me faire sentir aussi seule.

« Détournement de fond »

Au début du mois d’août, le chroniqueur Michel Girard relevait que « documents financiers à l’appui, Legault et Girard ont « détourné » ces 940 millions $ d’aide fédérale supplémentaire à d’autres fins que le programme de l’aide aux études postsecondaires des étudiants québécois. » Je ne sais pas si vous savez, mais les étudiants paient le même prix que tout le monde, mais ne peuvent pas travailler autant que tout le monde. Jamais notre premier ministre ainsi que son gouvernement ont considéré nous remettre cette argent. Son cabinet se défend en disant que c’est lui le boss et qu’il peut gérer l’agent comme il veut.

Oui, mais non. On oublie rapidement que les étudiants aussi payent des impôts. C’est vrai qu’on en paient moins, peut-être parce qu’on travaille moins ? Je m’avance, je ne suis ni comptable, ni fiscaliste. Je sais par contre qu’a chaque achat que je fais, je paie des taxes, moi aussi. De plus, certains étudiants, ne peuvent avoir accès à des prêts et encore moins des bourses. Et justement, ceux qui peuvent en bénéficier, ne peuvent travailler davantage, sinon ils seront pénalisés.

Est-ce qu’on dit à une personne à faible revenu d’arrêter de se plaindre parce qu’elle paie moins d’impôt ? Non, et pourquoi ce discours ne s’applique pas aux étudiants ? Je pense que, sincèrement, le pire, c’est que personne en parlent, que personne ne s’insurge. Non, tout le monde s’en tamponne royalement le coquillard.

Inflation et crise du logement

Si vous mangez, vous savez que le prix de la nourriture a augmenté. L’inflation touche tout le monde, mais les impacts ne sont pas tous les mêmes pour tous. Comme j’ai mentionné plus haut, les étudiants payent le même prix à l’épicerie. Les fruits et légumes ainsi que les aliments riches ne sont plus abordables alors qu’il est crucial de bien manger pour bien apprendre.

Un autre enjeux est l’actuelle crise du logement. D’ailleurs, les services aux étudiants ont fait des efforts considérables pour nous aider. Connaissez-vous une entité qui ne fait pas d’effort ? Le Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation ! Je ne pense pas devoir vous expliquer les conséquences désastreuses de ne pas avoir de logis ou encore de vivre dans un endroit malsain, mais ne pas pouvoir le quitter. De plus, beaucoup de jeunes étudiants, dont moi, on déjà compris que l’accès à une première propriété restera un rêve. Ce sera difficile de s’acheter une maison avec des dizaine de milliers de dollars de dettes. Cela contribue à notre anxiété de vivre, on se dit souvent : à quoi bon, dans le fond ?

Comme j’ai mentionné plus haut, certaines personnes sont encore plus touchées que d’autres. Par exemple, plusieurs de mes camarades en ingénierie sont rémunérés durant leur stage, tandis que mes camarades en enseignement ou en santé, eux, ne reçoivent pas une cenne. Comprenez-moi, le problème n’est pas ceux qui sont salariés (et surtout couvert en cas d’accident), mais ceux qui ne le sont pas. On ne se cachera pas non plus qu’un genre se retrouve davantage dans un domaine que l’autre, je vous laisse déceler lequel.

Crédit : Mohamed_hassan

Mentalité québécoise

Vous avez probablement aussi entendu une personne de votre entourage décrié que tous les jeunes adultes sont lâches, fainéants et sans ambition. Je tiens a préciser que, naturellement, ici, je généralise. Toutefois, chose est de constater que ce discours existe. C’est vrai qu’aujourd’hui la plupart des jeunes ne veulent plus travailler autant que nos parents et grands-parents l’ont fait. C’est vrai, que les jeunes négocient plus leurs conditions de travail. C’est vrai que, désormais, les jeunes ne passent plus toute leur vie dans le même emploi. Tout cela, c’est vrai. Et c’est surtout vrai que plusieurs abusent. Par contre, des profiteurs, il y en a toujours eu, et il y en aura toujours.

Dans le fond, c’est qu’on arrive difficilement à se comprendre. Les temps changent et certains semblent avoir de la difficulté à s’adapter. La relation entre les employeurs, qui sont généralement des personnes adultes, et les employés, souvent de jeunes adultes, a considérablement changée. Imaginez, cela fait 10, 15, 20 ans que vous buchez afin d’obtenir un poste de cadre afin d’être votre propre patron. Un fois le sommet atteint, vous êtes confronté à une génération de jeunes mêlés et anxieux qui tente désespérément de vivre. Assurément qu’il y a de quoi à être déstabilisé.

Chère personne plus vieille que moi, ce n’est pas contre vous, je vous l’assure. On ne sait juste plus où est notre place. Toute notre jeunesse, nous avions ces enseignantes bienveillantes nous disant que l’important dans la vie, c’est de faire ce qu’on aime. C’est cela qu’on essaie de faire, trouver ce qu’on aime, trouver ce qu’on est. Ne pensez vous pas que c’est mal de vouloir travailler pour vivre plutôt que de vivre pour travailler ?

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