L’Écon’homme: «Block Chain», Bitcoins…au-delà des ordinateurs

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Étienne Desfossés – Chroniqueur économique

L’Écon’homme c’est une dose régulière d’économie, souvent pigée dans l’actualité, mais aussi suivant les idées que vous pouvez me fournir. Aujourd’hui on m’a demandé de faire une chronique sur les cryptomonnaies. Ce n’est pas ma spécialité, toutefois l’analyse économique reste la même. Dans le but de bien vous expliquer la dimension technologique, j’ai profité d’un déjeuner avec un collègue spécialiste en la matière pour moi-même saisir le tout. Le Block Chain, les chaines de blocs. En quoi c’est révolutionnaire? À quoi ça sert? Comment ça marche? C’est simple, allons faire un tour dans ce monde de technologie et voyons comment cela révolutionnera l’économie et notre vie de tous les jours!

Un risque majeur en économie est le risque d’asymétrie d’information. Ce risque est simple : deux personnes à un même moment donné n’ont jamais le même bagage d’informations. De cette information, un avantage nait de manière certaine pour un des deux intervenants, qui ne sont plus à pied d’égalité, c’est le risque d’asymétrie d’information. La technologie de chaine de bloc consiste en une chaine, remplie de maillons contenant des informations. Le maillon suivant contenant toujours les informations de son précédent dans la chaine. Ainsi, on peut suivre l’évolution de quelque chose s’apparentant à une liste ou un registre. Si on part de ce fait, on peut trouver cela anodin, Google me fait la même chose… Mais la beauté de cette technologie réside en deux choses supplémentaires : les registres sont vérifiés, par des algorithmes mathématiques (donc complètement neutre et fiable). Deuxièmement, ces registres sont inaltérables et libres d’accès, ce qui les rend fort intéressants. On assiste dès lors à une démocratisation et une décentralisation de l’information, rendant le risque d’asymétrie d’information minimisée pour ne pas dire nul.

On assiste dès lors à une démocratisation et une centralisation de l’information, rendant le risque d’asymétrie d’information minimisée pour ne pas dire nul.

OK… C’est bien intéressant, mais je peux avoir une application concrète? Par exemple, je vends mon vélo à mon ami Gabriel. Gabriel ne me fait pas confiance et me demande de signer un contrat et de l’introduire dans la chaine de bloc. J’obtempère et celui-ci me paye sur signature, je lui apporterai le vélo à notre prochaine rencontre. Ainsi, le tout est scellé. Mais chers lecteurs, vous savez comme je suis cupide et j’essaye de revendre mon vélo une fois encore, afin de doubler mon profit sur le même vélo. Un mineur qui remonte une chaine de bloc, aperçoit le doublon, les registres étant accessibles à tous, celui-ci contacte Gabriel et me voilà pris la main dans le sac.

Maintenant qu’on comprend la technologie, on fait quoi avec dans la vraie vie? Parce que je n’ai jamais vu personne vendre des vélos avec ça. On utilise présentement les chaines de blocs pour les transferts bancaires internationaux. En effet, un paiement bancaire à l’échelle planétaire pouvait par le passé prendre 24-48 heures alors que maintenant, grâce aux chaines de blocs, le destinataire reçoit son paiement en moins de quelques secondes tout au plus. C’est aussi moins coûteux : 5 cents, tandis que 10% du montant transféré était prélevé dans le passé. Dans une économie mondialisée comme la nôtre, cet avantage devient majeur et des plus pertinents.

Dans une économie mondialisée comme la nôtre, cet avantage devient majeur et des plus pertinents.

Une autre application révolutionne aussi le monde de la musique. En effet, on peut prélever automatiquement les droits d’auteurs. En centralisant la musique dans des registres de blockchains, on pourrait effectuer le prélèvement automatique chaque fois qu’un DJ passe une chanson couverte par un droit d’auteur. Ainsi, on élimine dans une grande mesure le marché noir de musique, permettant aux musiciens de vivre de leur art.

Mais pour certifier ces bases de données ou registres, les mineurs demandent une contrepartie : la cryptomonnaie. Il en existe plusieurs : Bitcoins, Ethereum, le Ripple, le Dash… Mais le Bitcoin reste le plus connu d’entre eux. Sa valeur, ayant frôlé le 20 000$ par unité, se transige maintenant pour la modique somme d’environ 5 200$. Sa valeur ayant attiré spéculation et attention de la part des magnats de finance. Avec raison, car son introduction en bourse a surpris plus d’un : entrée comme une devise à part entière, le Bitcoin ne s’adosse à aucune valeur réelle pour sa valeur. En effet, le dollar canadien s’adosse à l’économie canadienne pour prendre une valeur. Les valeurs mobilières, actions d’entreprises s’adosse à une entreprise dont elles tirent leur valeur. Qu’en est-il du Bitcoin, de quoi tire-t-il sa valeur? Spéculation pure! Aucune banque centrale ne le régit, ce qui laisse place à un produit chimère, une création financière hors-norme.

Qu’en est-il du Bitcoin, de quoi tire-t-il sa valeur? Spéculation pure!

Outre la spéculation l’entourant, un autre enjeu majeur du Bitcoin réside dans sa démocratisation. En effet, peu de gens maitrisent à ce jour la technologie qui le compose. Rendre cette technologie accessible à la masse sera un défi. Les pays asiatiques étant en avance en la matière, l’Europe et les États-Unis devront mettre les bouchées doubles s’ils ne veulent pas être rapidement dépassés. La Chine possédant déjà plus de 70% des ordinateurs transactionnels de Bitcoins, le reste du monde en a à faire pour rattraper le dragon asiatique!

Pour terminer, je tiens à remercier à nouveau mon fidèle collaborateur Gabriel Tremblay, enthousiaste des technologies de l’information, pour sa contribution à cette chronique, sans lui je ne connaîtrais pas grand-chose à la dimension technologique derrière les chaines de blocs.

SOURCE : IEEE

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