Reportage : Olivier Landry: Futur ex-triathlète

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Olivier, en 2016, lors de la Coupe du Québec, en Triathlon. Crédit photo : Olivier Landry

Ceux et celles l’ayant déjà vécu le savent, la vie d’athlète est un vaste champ rempli de décisions et de sacrifices. Passant de la récolte d’une médaille d’or au plus reluisant des échecs. L’athlète, tout au long de sa carrière, labourant sa terre, sera soumis à toutes sortes d’émotions et à plusieurs remises en question. La vie d’athlète ressemble à celle de l’agriculteur, en fait. C’est encore plus vrai dans le cas d’un étudiant-athlète. Olivier Landry a eu la chance de goûter à presque tout ce qui pouvait pousser dans son  champ. Des hauts plans de réussites et de petits arbustes d’échecs. Après avoir mis ses terres en jachère durant deux ans, l’étudiant de 25 ans a décidé de reprendre le flambeau et de retourner à l’entraînement en vue de compétitionner en triathlon, sachant mieux que quiconque que dans la vie (comme dans le sport), l’on récolte ce que l’on sème.

L’avant – Enraciner le succès pour le récolter ensuite

Plus jeune, c’est le soccer qui a aidé Olivier Landry à s’ancrer dans le sport. D’ailleurs, l’étudiant de 25 ans ne le cache pas, c’est au football européen qu’il a connu ses premiers succès. Il a joué dans les catégories AAA et a pris part aux Jeux du Québec, entre autres. Ensuite, à un certain moment dans sa vie, l’étudiant en est arrivée sa première remise en question. Olivier voulait s’engager dans une démarche sportive plus individuelle. À ce moment-là, il a opté pour la course à pied. Il a commencé, petit à petit, à semer les graines de cette discipline dans son immense jardin sportif, ignorant que celles-ci prendraient la forme d’une triple discipline exigeante autour de ses 17 ans; Le triathlon.

C’est lors d’une course à pied organisée qu’Olivier a entendu parler du triathlon pour une première fois. Se sachant déjà performant en course à pied et ayant une bonne base à vélo, Olivier n’a eu qu’une seule réponse pour le promoteur du triathlon : «je ne sais pas nager». C’est à ce moment, alors qu’il avait 17 ans, qu’Olivier s’est investi à 100% dans le triathlon. Comble de l’ironie du sort, trois ans plus tard, Olivier prenait part à ses premiers championnats du monde, à Edmonton, où il terminait dix-septième sur 70 participants.

Olivier reconnaît que l’entraînement en triathlon, à l’instar de la discipline en soi, est assez exigeant. Quand je lui mentionne qu’il a probablement dû faire beaucoup de sacrifices, ce dernier me corrige instantanément : pour lui, ces sacrifices s’avèrent plutôt être des investissements.

Après trois ans en triathlon, Olivier est à la recherche de nouveau défi. Résultat : il augmente son ratio d’entraînement et commence à compétitionner dans le demi Iron Man. C’est dans cette discipline qu’Olivier remporte quatre podiums en Amérique du Nord. À ce moment, l’athlète croyait avoir trouvé sa voie en dehors des sentiers battus : il voulait devenir triathlète professionnel.

L’après – Remettre les terres en jachère et la compétition sur la table.

Lors de sa dernière compétition, dans le Maine, Olivier a malheureusement subi une blessure au dos lors de la portion cycliste du parcours. Il ne le cache pas, cet incident l’a amené à reconsidérer ses objectifs futurs. Il faut savoir qu’à l’époque, Olivier faisait aussi partie de l’équipe de cross-country des Patriotes.

Dans tous les sports de haut niveau, les blessures sont une sorte de malédiction dont les athlètes ont peur. Le terme «blessure», entre sportifs, est un peu comme comme celui de Lord Voldemort entre cinéphiles, on ne doit pas le prononcer. Dans le cas d’Olivier, sa blessure, en plus de lui apporter énormément de douleurs, lui a aussi enlevé ce qu’il avait de plus précieux à l’époque: ses ambitions.

Inapte à s’entraîner et voyant ses capacités péricliter pendant sa convalescence, Olivier n’a eu d’autres choix que de tracer une croix sur son éventuelle carrière. Il a dû abandonner. C’est à ce moment de sa vie, alors âgée de 23 ans, qu’il a décidé de quitter sa culture sportive pour s’impliquer autrement, laissant derrière lui son champ dépérir par manque de soins et d’attentions.

De l’engagement sportif à l’engagement académique

Olivier se dédie alors à faire reluire l’Association des Sciences de l’Activité Physique de l’UQTR durant deux ans en y tenant le rôle de président. Pour la première fois de sa vie, il goûte à son futur métier d’enseignant durant cette même période. Déterminé à monter la barre de ses rendements académiques, Olivier performe en classe et s’y émancipe. 

Pendant deux ans, il devient entraîneur de disciplines à caractère cardiovasculaire auprès de jeunes athlètes de la région. Pour lui, il s’agit, un peu comme dans toutes ses implications, de donner au suivant. Dans ce cas-ci, Olivier ne cache pas qu’il se voyait aussi transmettre des passions qui l’habitaient toujours; celles de la natation, du vélo et de la course à pied.

Olivier, malgré toutes les apparences de succès, d’engagement et d’implication qu’il pouvait laisser percevoir, vit aussi un intense mal de vivre à l’époque. Nostalgique, il revoit les épisodes où il multipliait les succès et les mérites sportifs. Il se sent loin de son champ (d’expertise). Il s’ennuie de ces moments précieux. Alors que, peu à peu, son corps se répare, son esprit ne s’en porte que moins bien. Comme il le dit si bien : «Plus le temps avançait, plus c’était difficile pour moi de voir mes capacités s’amoindrir. Tous les efforts que j’avais faits pour me retrouver au sommet étaient partis en fumée». Comme quoi lorsqu’on chasse le naturel, il revient au galop, Olivier a pris une décision déterminante dans sa vie il y a quatre mois, celui de retourner s’occuper de son champ, celui de reprendre l’entraînement.

«Plus le temps avançait, plus c’était difficile pour moi de voir mes capacités s’amoindrir. Tous les efforts que j’avais faits pour me retrouver au sommet étaient partis en fumée»

Olivier Landry, peu après avoir délaissé l’entraînement

Limiter les dégâts et viser plus haut encore

Obnubilé par son désir de reconquérir les podiums, Olivier, à l’amorce de son ultime année au baccalauréat, décide de délaisser ses postes au sein des diverses associations et organisations auxquelles il siégeait pour reprendre la chaise dans laquelle il est le plus confortable, celle du sportif.

Il reprend donc l’entraînement tranquillement, en respectant le rythme que son corps lui accorde. Évidemment, son corps, ayant été négligé pendant deux ans, est raide comme le pergélisol. Sa vitesse s’est engourdie, son agilité semble lui avoir échappé. Puis, petit à petit, à force de sueur et de labeur, Olivier les retrouve et, par le fait même, se retrouve.

Quatre mois plus tard alors que nous discutons ensemble, Olivier a retrouvé le sourire, cette envie de vivre et cette soif de vaincre. Il me confie aussi avoir retrouvé environ 90% de ces capacités aérobiques déjà. J’en déduis alors que c’est comme faire du vélo, que ça ne se perd pas… Alors qu’il me parle des compétitions qu’il vise prochainement, je l’écoute attentivement : «En 2020, les championnats du monde d’Iron Man en Nouvelle-Zélande»… Je le regarde, suspicieux. Avant que je ne puisse dire un seul mot, il reprend : «Avec l’effort, mes expériences antérieures et le temps que j’investis, je suis très confiant d’y parvenir». J’approuve silencieusement. Son sourire assuré ne laisse pas beaucoup de place à l’interprétation. Il y parviendra.

«Avec l’effort, mes expériences antérieures et le temps que j’investis, je suis très confiant d’y parvenir»

OLIVIER LANDRY, SONGEANT AUX CHAMPIONNATS DU MONDE EN NOUVELLE-ZÉLANDE, EN JUIN 2020

J’imagine Olivier retrouvant la terre qu’il avait abandonné, son champ à lui. Je l’imagine à bord de son tracteur en train de le labourer. À quoi pense-t-il à cet instant précis? Peut-être à ses implications académiques. Celles qu’il a mises de côté pour revenir aux sports? Je lui demande si cette période de sa vie lui manque, il me répond que non : «Pas du tout, ce fut de belles expériences, mais il était temps que je tende le flambeau pour prendre cet autre flambeau qui m’est tendu maintenant (celui du triathlon)». Parions qu’en deux ans, ce dernier n’aura jamais cessé de brûler au fond du cœur d’Olivier. 

Comme quoi on peut sortir l’étudiant de l’athlète, mais qu’il est toujours plus difficile de sortir l’athlète de l’étudiant. Force est d’admettre, la persévérance est la qualité première d’un bon agriculteur. En juin prochain, Olivier récoltera sans doute de l’or avec ses mains.

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