Originaire de Québec, Sandrine Renaud en est à sa deuxième année au doctorat en philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Étudiant dans le volet éthique appliquée du programme, elle s’appuie sur son parcours en ergothérapie afin de démystifier les questions liées aux inégalités dans le domaine de la psychiatrie.
Ayant déménagée à Trois-Rivières pour compléter un baccalauréat en ergothérapie à l’UQTR, elle décide de s’inscrire à quelques cours au département de philosophie par intérêt personnel. Qu’il s’agisse de cours de philosophie politique ou éthique, étudier dans un domaine autre que celui de l’ergothérapie lui permettait, notamment, d’enrichir sa réflexion.
Une fois son baccalauréat terminé, elle poursuit ses études à la maîtrise en ergothérapie tout en continuant à suivre quelques cours de philosophie. Graduant en 2019, elle attend jusqu’à la session d’automne 2020 pour commencer ses études doctorales, cette fois-ci, en philosophie. Ses intérêts de recherche, qui allient philosophie et ergothérapie, font le pont entre ces deux disciplines.
L’éthique et la psychiatrie
Dirigée par la professeure Marie-Josée Drolet du département d’ergothérapie, Sandrine s’intéresse aux inégalités et aux injustices vécues par les personnes qui vivent une expérience de psychose dans les services psychiatriques communautaires. Comme elle l’explique, « quand on pense à la psychiatrie, on pense souvent à l’unité psychiatrique de l’hôpital, mais depuis les années 60, il y a eu une grande désinstitutionalisation.
« JE VOIS UNE RÉALITÉ DANS MON QUOTIDIEN D’ERGOTHÉRAPEUTe. jE SUIS AMENÉE À LIRE DES ARTICLES POUR RÉFLÉCHIR À CES RÉALITÉS-LÀ. »
Cela fait en sorte que maintenant, il y a beaucoup plus de programmes en santé mentale dans la communauté. » Ainsi, l’étudiante désire déterminer quels sont les injustices et les enjeux éthiques qui sont présents dans les services psychiatriques de proximité afin de trouver une façon d’y remédier. En plus de ses études, Sandrine travaille elle-même comme ergothérapeute à temps partiel. Grâce à son emploi, elle peut constater les diverses réalités terrains qui ne sont pas toujours abordées dans le milieu académique.
Un projet aux divers volets
Son projet de recherche comporte donc un volet pratique et un volet théorique. D’abord, pour le côté pratique, elle a pour objectif « de documenter de manière empirique et inductive les enjeux éthiques des programmes psychiatriques de proximité selon la perspective de personnes qui sont rejointes par ceux-ci. » Ensuite, pour le côté théorique de son projet, elle s’inspire de divers champs d’études, dont celui des éthiques féministes, des disability studies et des mad studies, pour identifier les formes de discriminations vécues par ces personnes et, ultimement, proposer des pistes de solution.
Le savoir expérientiel versus le savoir théorique
Même si elle étudie au doctorat à temps plein, l’étudiante puise dans son expérience dans le réseau de la santé pour mener son projet de l’avant. Selon elle, lire sur les perspectives critiques de la psychiatrie aide à renverser les relations de pouvoir inégales qui existent entre les expertEs en psychiatrie et les personnes en situation de psychose. Se disant « très touchée » par les patientEs qu’elle rencontre dans le cadre de son emploi, Sandrine désire contribuer à l’amélioration des services offerts en santé mentale tout en réfléchissant à sa propre pratique en tant qu’ergothérapeute.
Celle qui désire « rendre le système de santé plus juste » voit, à travers son doctorat, une occasion privilégiée de faire des liens entre les éléments plus théoriques de son domaine et sa propre pratique professionnelle. Elle veut, par sensibilité, que le service offert corresponde réellement aux besoins des personnes ayant un vécu en santé mentale.
Une étudiante engagée
À la session d’hiver 2022, l’étudiante offrira un cours aux étudiantEs de la maîtrise en ergothérapie qui portera sur l’équité, la diversité et l’inclusion dans le système de santé. Ayant également un fort attrait pour l’enseignement, elle voit ce cours comme « une belle occasion pour moi de partager et d’enrichir mes réflexions sur la justice dans le système de santé pour les groupes marginalisés ».
« C’est vraiment important pour moi de prendre en considération le vécu expérientiel dans le cadre de mes recherches. »
Sandrine, qui est aussi membre étudiante de la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe sur la vulnérabilité et les injustices structurelles, avance aimer l’enseignement, mais surtout la collaboration. Elle mentionne que la communauté d’étudiantEs aux cycles supérieurs en philosophie est « vraiment stimulante ». Les échanges et les discussions qu’elle a avec ses collègues lui permettent de persévérer