La p’tite vite : Occupation Double et le consentement

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Photo: David Ferron

Mon plaisir coupable durant l’automne est sans aucun doute de regarder Occupation Double. Ce produit télévisuel peut être observé dans une perspective plus large que du simple divertissement. On peut y voir nos problèmes de société dans sa manière la plus fondamentale.

Dans un épisode des dernières semaines, nous avons vu l’arrivée de nouveaux candidats masculins. L’un de ceux-ci, Louis-Philippe, avait de l’intérêt pour deux filles, Rym et Jennifer. Étant donné qu’il venait tout juste d’arriver, il ne voulait pas faire son choix ultime au premier party. Ainsi, il ne voulait pas embrasser une fille durant cette soirée-là, mais Rym ne l’écoutait pas.

Le langage corporel ne mentait pas, il déviait la tête lorsqu’elle l’approchait la sienne. Quand il a dit qu’il ne voulait pas l’embrasser tout de suite, elle a répondu et répété qu’elle s’en foutait, en ne lâchant pas le morceau. Son excuse par la suite: il avait «une belle petite face» et l’alcool peut altérer les actions. Ce moment est tombé dans l’oubli assez vite chez les candidat.e.s.

Ce scénario serait perçu comme inacceptable si c’était l’homme qui avait fait ce type d’avance à une femme, et en excusant son comportement par sa consommation – excessive – d’alcool.

Louis-Philippe ne voulait pas embrasser une fille durant cette soirée-là, mais Rym ne l’écoutait pas.

Depuis l’avènement du mouvement #MeToo, on entend beaucoup parler de consentement. On dit que c’est important, qu’il faut respecter et écouter l’autre, autant lorsqu’il donne son consentement que lorsqu’il le retire. De base, nous sommes tout.e.s au courant, non?

Cependant, quand j’ai vu cette scène, j’ai vraiment été découragée, voire dégoutée. En ce sens, j’ai eu l’impression qu’on normalisait, dans une émission de grande écoute, le fait que les hommes n’ont pas leur mot à dire lorsqu’il est question de leur propre consentement. Ainsi, une petite mise au point s’impose.

Le consentement, c’est…

Selon l’Office québécois de la langue française, le consentement sexuel se définit comme suit: «assentiment libre et éclairé donné par une personne en vue de participer à une activité de nature sexuelle ou encore de continuer à y prendre part». Ainsi, il n’y a pas de doute à avoir. Il faut être conscient qu’à tout moment, une personne peut dire que c’est fini, et c’est correct comme ça.

Et non, cela ne veut pas dire qu’il est interdit de draguer. Cependant, si la personne que nous courtisons nous signale qu’elle n’est pas intéressée, il est dans le respect d’arrêter, quel que soit son genre. C’est cette barrière qu’il ne faut pas dépasser, car sinon c’est du harcèlement, et ça, ce n’est pas acceptable.

Quand «non» veut peut-être dire «oui»

Notre société est changeante, mais reste qu’il y a encore du chemin à faire. Certain.e.s pensent encore que les femmes sont considérées comme «faciles» si elles veulent des relations sexuelles rapidement, et qu’elles doivent ainsi se laisser désirer pour préserver leur réputation.

De cette façon, elles pourraient être tentées de dire «non» ou «peut-être» aux avances, même si elles voudraient dire «oui». Ainsi, cela peut amener de la frustration, car l’homme devant elle ne continue pas. Pourtant, il respecte bel et bien le consentement.

On enseigne aux «méchants» hommes de respecter lorsqu’une femme dit non, mais il y a des situations ou «non» voudrait peut-être dire «oui»? C’est normal que ce soit confus dans ces circonstances. Dans ce sens, il faudrait tout.e.s avoir un super pouvoir pour lire dans les pensées… En cas de doute, on respecte le «non».

Autres points importants

L’effet inverse des stéréotypes dicte que les hommes sont toujours partants pour des activités à connotation sexuelles. Ainsi, ils ne peuvent pas dire non, car c’est la femme qui décide; l’homme suit.

 Il y a donc parfois cet aspect où certaines femmes n’ont peut-être pas appris consciemment à respecter le consentement de l’homme. Pourtant, ceux-ci ont parfois des envies sexuelles et parfois non, tout comme les femmes. Il est donc important de les écouter, eux aussi.

Si la personne que nous courtisons nous signale qu’elle n’est pas intéressée, il est dans le respect d’arrêter, quel que soit son genre.

Il ne faut pas non plus oublier que le consentement va au-delà de la séduction au sens propre, c’est aussi très important en couple. En effet, ce n’est pas un droit acquis; il se doit d’être renouvelé constamment.

De plus, selon le site educaloi.qc.ca, il faut prendre des «mesures raisonnables» pour s’assurer que l’autre est bien consentant. Celles-ci sont toujours différentes et peuvent varier en fonction du contexte, comme s’il y a consommation d’alcool. Il est important de penser à le faire, car sinon, il peut y avoir un risque que notre geste soit interprété comme une agression par l’autre.

Alors, on fait quoi maintenant?

Avec ce qui a été dit précédemment, cela peut sembler compliqué d’embarquer dans toute la gimmick de la séduction. Pourtant, cela peut finir par de belles histoires, si l’on apprend qu’il faut écouter, autant soi-même que les autres.

Si vous ne l’avez pas encore vue, je vous conseille fortement de regarder la vidéo qui explique le consentement sexuel avec une tasse de thé. Un vrai chef d’œuvre qui veut tout dire.

Pour finir, je ne pouvais pas parler d’Occupation Double sans vous conseiller d’écouter Les Ficelles, un podcast féministe sur l’émission. Ce sont des femmes allumées et brillantes, qui nous brossent un portrait juste et réaliste de notre société, à travers cette émission culte.

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