La p’tite vite: Séduction non désirée

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Éliane Beaudry. Photo: David Ferron
Éliane Beaudry. Photo: David Ferron

Le harcèlement psychologique et sexuel passe parfois inaperçu, car il peut être fait avec beaucoup de subtilité. Il est pourtant bien présent; dans les écoles, dans les bars et dans tous les milieux de travail. Bien qu’on puisse penser spontanément au cliché du patron qui a des relations sexuelles avec sa secrétaire, le harcèlement sexuel c’est beaucoup plus que cela.

Séduction?

Tel que défini par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ): «Le harcèlement sexuel n’est pas une sorte de flirt, de manœuvres de séduction ou un manque de savoir-vivre1; il s’agit d’une atteinte au droit à l’égalité des victimes et à leur dignité humaine.»  La limite entre la séduction et le harcèlement peut paraître mince, cependant il s’agit de deux comportements différents engendrant des conséquences différentes. Toute personne ayant déjà séduit ou été séduit, associe cette action à des émotions positives : la séduction c’est agréable. Ce n’est pas le cas du harcèlement. Lorsque les comportements ou paroles persistent, malgré le fait que la victime est exprimée de manière verbale ou non verbale qu’elle n’appréciait pas la situation, il s’agit d’harcèlement.

La limite entre la séduction et le harcèlement peut paraître mince, cependant il s’agit de deux comportements différents engendrant des conséquences différentes.

Consentement et victimes

Le harcèlement sexuel se manifeste par son caractère répété, par le non consentement de la victime et par ses conséquences négatives. Il faut donc, pour commencer, bien comprendre la notion de consentement. Le site internet du mouvement Sans oui, c’est non! propose une définition détaillée du consentement sexuel et des situations dans lesquelles il n’est pas valide. Pour résumé, il s’agit d’un choix libre et éclairé de la personne de donner son consentement et de le retirer à n’importe quel moment. Aussi, le consentement n’est pas valide si la personne est intoxiquée, inconsciente, qu’elle change d’avis, si l’agresseur utilise une position de supériorité, les menaces ou l’intimidation.

Les victimes peuvent être des femmes, des hommes ou des enfants. Le harcèlement peut avoir lieu envers des gens de minorités visibles tel que basé sur l’ethnie ou l’orientation sexuelle de la personne. Le harcèlement peut être émis par des hommes ou des femmes. L’utilisation du masculin sera utilisée dans ce texte pour uniformiser la lecture.

En milieu de travail

Comme mentionné précédemment, le harcèlement sexuel et psychologique peut survenir dans divers contextes. Je vais m’attarder ici au harcèlement en milieu de travail puisqu’il s’agit d’un lieu propice à ce type de problématique. Ce milieu devrait être un endroit où l’on se sent en sécurité. Pour ceux et celles qui suivent l’actualité, les mots clic, #BalanceTonPorc (en France) ou #MoiAussi (au Canada) ont été utilisés à de nombreuses reprises, l’automne dernier, sur Twitter et sur différents réseaux sociaux pour dénoncer le harcèlement sexuel. Ce mouvement a débuté par des allégations touchant des producteurs célèbres qui auraient perpétré des agressions sexuelles en milieu de travail.

Le consentement n’est pas valide si la personne est intoxiquée, inconsciente, qu’elle change d’avis, si l’agresseur utilise une position de supériorité, les menaces ou l’intimidation.

Le harcèlement peut provenir d’un supérieur qui est en relation de pouvoir avec la victime ou des collègues. Lorsqu’il provient d’une personne en autorité, la victime peut éviter de dénoncer ce dernier pour ne pas vivre de conséquences: «En effet, pour éviter de subir des représailles ou de perdre son emploi ou encore parce qu’elle a peur, la victime peut préférer le silence en espérant que le harceleur modifie de lui-même son comportement.» (INSPQ). La loi protège les victimes de harcèlement sexuel, mais elle est habituellement appliquée au sein de l’entreprise par l’employeur. Selon le Règlement du Canada sur les normes du travail, «La section XV.1 de la partie III du Code canadien du travail établit le droit des personnes à un emploi exempt de harcèlement sexuel et exige de l’employeur qu’il prenne des mesures concrètes pour faire en sorte que ce droit soit respecté.» (Ressources humaines et Développement des compétences Canada) Or, si c’est ce dernier qui fait du harcèlement, on peut se douter qu’il ne se dénoncera pas lui-même. Il est ainsi plus compliqué pour la victime de se sentir soutenue dans sa démarche.

Être témoin de harcèlement et ne pas le dénoncer, c’est une forme de participation.

Les collègues peuvent également être la source du harcèlement. Voici quelques exemples: un groupe d’individus qui donnerait un surnom dégradant à leur collègue; des employés qui ricaneraient à chaque fois que la personne passe près d’eux; un employé qui toucherait toujours les fesses d’une personne dans le but de la rendre mal à l’aise; une personne qui menacerait de nuire à la réputation de l’autre ou de la balancer au patron, si elle ne coopère pas à certains gestes sexuels. Ce ne sont que quelques exemples parmi des centaines.

Impacts sérieux

Bien qu’il puisse paraître drôle de poser certains gestes ou d’émettre certaines paroles, le harcèlement n’a rien de comique. Il s’agit d’un phénomène sérieux qui peut engendrer des conséquences dramatiques sur la victime. De plus, être témoin de harcèlement et ne pas le dénoncer, c’est une forme de participation. L’empathie, c’est-à-dire la capacité de se mettre à la place de l’autre, serait une habileté fort utile à développer pour bien saisir la limite entre des gestes de séduction et le harcèlement.


[1] https://www.inspq.qc.ca/agression-sexuelle/le-harcelement-sexuel

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