
Alors que la campagne électorale bat son plein aux États-Unis, le résultat de ces élections pourrait impacter plus que jamais nos relations avec notre voisin américain.

Le Canada: le bousculé en Amérique du Nord
D’entrée de jeu, il convient de se rappeler que le Canada entretient des liens commerciaux étroits avec le monde, mais aussi avec les États-Unis, qui représentent son partenaire principal et marché d’exportation. Cette caractéristique se reflète grandement dans notre politique extérieure, qui gravite beaucoup autour des États-Unis. Au cours des dernières années, la renégociation de l’ALENA a occupé une grande partie de l’ordre du jour au ministère canadien des affaires extérieures (maintenant affaires mondiales), éclipsant certains autres enjeux. Par dessus ces travaux de fond, les tarifs sur l’aluminium et le bois d’œuvre de l’administration Trump auront été comme des bousculades de ce voisin un peu violent que constitue les États-Unis.
«Living next to you is in some ways like sleeping with an elephant. No matter how friendly and even-tempered is the beast, (…) one is affected by every twitch and grunt.»
-Pierre E. Trudeau, parlant des États-Unis
Élection d’un nouveau gouvernement, un changement de paradigme?
Le dernier mandat présidentiel aura été fort en rebondissements, ce qui pourrait changer avec une présidence démocrate. Un second mandat républicain pourrait mener à davantage de rebondissements, notamment à cause d’une habitude du gouvernement déjà en place. La machine démocrate pourrait quant à elle amener une plus grande stabilité, par l’idéologie Biden, qui se situe plus dans l’internationalisme que sous l’isolationnisme à la Trump.
Pour faire bref, Trump et sa politique de «Make America Great Again» est une politique isolationniste, qui considère les États-Unis comme isolés des nations l’entourant. À l’inverse, Biden est plutôt dans une approche internationaliste considérant les États-Unis comme partie intégrante d’un tout qu’est l’international. Ainsi, on pourrait assister à un revirement complet de la politique extérieure.
Deux idéologies, deux visions
Un moment clé du débat vice présidentiel (Harris-Pence) a bien montré ces deux idéologies. Du côté Harris, on voit la guerre sino-américaine comme un échec, notamment en raison des centaines de milliers d’emplois perdus et des faillites agricoles qui en ont résulté, comme le souligne la colistière de Biden. Au contraire, du côté Pence, on défend la guerre sino-américaine comme une guerre au communisme chinois, une guerre sans fracas.
Du côté fiscal, le plan Biden est clair: taxer les plus riches, soit les revenus de plus de 400 000$ et plus. Le plan Biden a d’ailleurs été évalué par Moody comme davantage créateur d’emplois que le plan Trump. Du côté Trump, le plan n’est pas très clair en la matière. Dans les faits, on semble plutôt reposer sur nos lauriers et ne rien changer à la politique économique intérieure.
L’élection est-elle jouée, au fait?
Loin de moi l’idée de lire une boule de cristal, je ne peux prédire le résultat de l’élection. Toutefois, certaines équipes de recherche en politique s’y sont intéressées et ont utilisé la science pour nous aider! Par exemple, le primary model, qui se base sur les rondes primaires des élections américaines, prédit 91% de chances que le président Trump soit reconduit. Le modèle ayant réussi à prédire 21 des 25 dernières élections, il s’avère un bon outil.
Un autre outil intéressant est le modèle des 13 clés. Développé par Allan Lichtman, il est constitué de 13 facteurs-clés influençant une élection. À partir de ces clés, on additionne les énoncés qui s’avèrent vrais. On applique par la suite un multiplicateur pour savoir la probabilité de victoire du parti actuellement en place. Actuellement, ce modèle prédit une victoire Biden.
La fin de l’Effet Trump?
Comme je l’ai déjà relaté précédemment, le président actuel a un impact énorme sur la situation boursière, mais aussi l’incertitude au Canada et de par le monde. Ainsi, cette élection pourrait bien se solder par une baisse de l’incertitude au niveau boursier et économique.
Un autre effet important est l’effet de parti. Le parti au pouvoir a un grand effet sur la bourse américaine. D’ailleurs, plusieurs groupes de recherche et cabinets financiers s’y sont intéressés. Un consensus général semble placer le parti démocrate comme menant à de meilleurs rendements boursiers. C’est d’ailleurs le constat auquel parvient le journal Forbes, les républicains présentant des rendements annualisés moyens de 4,8%, tandis qu’ils sont de 10,8% lorsqu’un démocrate est au bureau ovale. Ainsi, l’élection présente pourrait constituer une opportunité en or pour les investisseurs, au delà de ses enjeux internationaux. Toutefois, il faudra attendre le 3 novembre pour avoir le résultat de ces élections à grands enjeux!