Auteur : Samuel Girard, étudiant à la maitrise en génie mécanique
Le métier d’enseignant marque régulièrement l’actualité et ce, très rarement pour les bonnes raisons. Ça fait plusieurs fois que je discute avec des enseignants, des enseignantes ainsi que des futur(e)s enseignants/enseignantes de ma vision de leur profession et, avec les commentaires positifs que j’ai eus, j’ai décidé d’en faire un article.
Le contexte actuel est plutôt difficile. On retire des ressources aux enseignants, on veut ajouter encore une fois des élèves dans les groupes déjà très grands, on réduit les services offerts pour les étudiants et on tente de réformer un système d’éducation maladroitement.
Si on résume mon article en une seule phrase: j’ai beaucoup d’admiration pour ces gens qui se lèvent cinq matins par semaine pour enseigner aux enfants et aux adolescents. Je considère qu’il s’agit d’une profession noble. Je crois que nous sous-estimons énormément le rôle qu’ils jouent dans notre société et l’impact qu’ils ont sur la vie des enfants et adolescents. Ils jouent un rôle aussi important dans notre société que les entrepreneurs, les médecins, les ingénieurs, les infirmières, pour ne nommer que ceux-là. On leur demande de faire des miracles. Je tiens à rappeler que certaines personnes paniquent lorsqu’elles ont deux ou trois enfants à leur charge. Les enseignants en ont entre 25 et 30 à s’occuper.
De plus, je remarque certains traits de personnalité qu’on retrouve particulièrement chez les individus qui œuvrent dans ce domaine. Ils sont plein de vie, ont un talent incroyable pour animer une petite ou une grande foule, ils sont toujours prêts à écouter, ils ont toujours quelque chose à raconter, ils sont excellents pour vulgariser et, surtout pour les enseignants et enseignantes au primaire, ils ont gardé leur cœur d’enfant.
Mais ceux qui me connaissent savent que je ne peux pas lancer de fleurs sans lancer le pot qui vient avec. Si nous voulons un beau système d’éducation et continuer d’avoir les meilleurs pour enseigner à nos enfants, il faut faire une réforme de la façon dont nous octroyons le droit d’enseigner au Québec.
Tout d’abord, je veux que les enseignants soient beaucoup mieux payés. Si on veut les meilleurs, il faut tout faire pour les garder. Ils forment la prochaine génération! Cependant, il faut filtrer beaucoup plus qu’on le fait actuellement. Le programme universitaire devrait être contingenté, pas seulement en ce qui a trait aux notes, mais aussi en fonction de la personnalité des étudiants. J’ai vu trop de cas où des étudiants choisissaient d’aller en enseignement comme deuxième ou troisième choix puisqu’ils n’étaient pas admis dans leur programme. Avez-vous déjà vu un médecin vous dire que c’était son deuxième choix de carrière? De plus, il faudrait faire comme dans certains pays d’Europe et cibler, dès le niveau secondaire, des jeunes qui pourraient être de bons candidats pour enseigner et leur suggérer ce plan de carrière.
La liste d’attente pour avoir des postes à temps plein est beaucoup trop grande! Certains gradués attendent parfois jusqu’à dix ans avant d’avoir un poste permanent dans une école. Cela a pour effet de faire baisser les bras à des gens qui auraient été d’excellents professeurs. Ils préfèrent réorienter leur carrière. Il serait temps de changer les choses pour que l’ancienneté ne soit pas l’unique critère pour avoir un poste. Certains enseignants perdent l’intérêt au bout de quelques années et vont seulement devant une classe pour empocher leur paye. Ils comptent les jours avant les vacances et les années avant la retraite. Pendant ce temps, des jeunes motivés attendent sur une liste d’attente. Lorsqu’un chirurgien vieillit et qu’il commence à avoir les mains qui tremblent, il doit faire autre chose pour gagner sa vie. Sans faire de parallèle douteux avec des gens qui sauvent des vies, je tiens seulement à répéter à nouveau que ce sont les éducateurs de la génération de demain.
Il est temps de donner plus de pouvoirs aux enseignants ainsi qu’aux directions d’écoles. Qu’on se débarrasse des commissions scolaires qui gobent un trop grand pourcentage de l’argent qu’on injecte en éducation. L’argent doit se rendre dans les écoles pour acheter des livres et des outils qui aideront les enfants à apprendre. L’argent doit aussi servir à engager le personnel adéquat pour aider les enseignants lorsqu’ils ont des élèves à défi dans leurs groupes. Le rôle des psychologues, des orthophonistes, des orthopédagogues, des techniciens en éducation spécialisée, pour ne nommer que ceux-là, est très important!
J’espère que d’autres personnes, comme moi, apprendront à admirer le travail de nos enseignants et enseignantes au Québec. De mon côté, j’aurai une totale confiance envers les enseignants lorsque j’enverrai mes futurs enfants à l’école. Je souhaite seulement que je pourrai faire confiance au système d’éducation dans quelques années.