OPINION: Les mythes de l’austérité

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Auteur: Jean-René Leblanc

Je lisais un article dans le dernier Zone Campus (25 novembre 2014) et quelque chose m’a frappé. Une croyance qui pour moi fait partie d’une culture de propagande incroyable. La journaliste, Chloé Cano, écrivait: «Comme tout pays, le Canada n’échappe pas à la conjoncture actuelle et doit faire des économies». J’avoue que cette dernière phrase, je n’y crois pas.

Les temps sont durs? Qui nous dit cela? Le gouvernement qui a éliminé les taxes sur les banques en 2007? Le gouvernement qui vote des bonus pour leurs membres? Et quelle preuve on nous apporte avec tout cela? Des ouïes-dires, des rumeurs ou des amis du parti. Devrions-nous croire un rapport pondu par des personnes payées 1000$ par jour pour un document de 125 pages à moitié rempli?

Voilà ce que j’avance aujourd’hui. Notre économie va bien! Elle va tellement bien, que nous pouvons nous permettre de diminuer les revenus de l’État en diminuant les taxes sur les minières. Elle va tellement bien que nous pouvons nous permettre de diminuer les impôts des grandes entreprises qui font des profits monstres en payant un minimum de redevances à l’État. Alors pourquoi est-ce qu’on nous rabat constamment que notre économie va mal?

Est-ce que je suis simplement de mauvaise foi et j’accuse à tord et à travers? Peut-être. Mais je crois qu’on doit se demander si on veut vraiment de l’idéologie que l’on nous présente actuellement. Ce qui n’est pas dit dans ces réformes, c’est que nous perdons le peu de démocratie que nous avions dans notre État. Les conseils d’administration élus par le parti… L’argent du communautaire entre les mains des politiciens au lieu d’être entre les mains de la population…

Bon, ceci étant dit, regardons certains faits. L’austérité, un grand mot compliqué pour que la population soit aveuglée et ne comprenne pas vraiment de quoi il en retourne. On parle d’austérité lorsque les temps sont durs et que tout un chacun doit se serrer la ceinture. Mais ici on ne parle pas d’une économie de famille, on parle du gouvernement. Pour que l’économie fonctionne, il est important d’investir. Si on arrête d’insuffler des fonds dans le réseau public ce sont des centaines de personnes qui vont perdre leur emploi voir des milliers. C’est déjà le cas, plusieurs personnes ont perdu leur emploi pour que notre économie se «redresse». Mais comment est-ce que cela serait possible? D’où viennent les revenus de l’État? J’aurais tendance à dire qu’en partie (et cela de plus en plus) nos revenus viennent des taxes et des impôts de la population. Si les personnes qui sont censées rapporter de l’argent à l’État finissent par être ruinées, cela n’apportera pas grand-chose. Mais bien sûr ce n’est que mon opinion. Et celle du Fonds Monétaire International. Mais bon, il semblerait que le gouvernement ne veut pas se fier aux économistes mondiaux ou encore au prix Nobel de l’économie, Joseph Stiglitz qui nous donne la même opinion.

D’ailleurs, comme j’ai mentionné un peu plus tôt, la part des citoyens dans la tarte des revenus de l’État augmente d’année en année. Pourquoi? Parce que d’année en année l’imposition sur les grandes compagnies ne cesse de diminuer. Certains peuvent dire que si nous ne diminuons pas leurs impôts, les grandes entreprises quitteront le Québec. Mais comment serait-ce possible? Dans un premier temps, nous avons au Québec une expertise qui ne se déménage pas aussi facilement. Et non seulement une expertise, mais des ressources. On ne doit pas oublier qu’Hydro-Québec est une ressource incroyable et qu’elle offre des tarifs plus que concurrentiels pour les entreprises. Donc, le taux d’imposition au Québec est d’environ de 2% supplémentaire qu’en Ontario, mais avec le support d’Hydro-Québec, beaucoup d’entreprises choisissent de s’installer ici. Et si on se compare aux États-Unis, notre taux d’imposition est 20% inférieur au leur. Nous sommes plus que compétitifs pour les entreprises et, si nous avions une idéologie différente, nous pourrions facilement augmenter les impôts sur les entreprises et quand même les garder ici. Pour moi, il s’agit d’un non-sens que les grandes entreprises soient davantage choyées que la population qui forme ce pays. Le gouvernement est censé représenter notre bien commun et non pas le bien d’un petit nombre d’individus.

Parlons-en un peu du gouvernement. Aucun gouvernement ne peut nous dire que nous sommes en période d’austérité tout en offrant des primes à chacun de ses députés. Il est peu probable que chacun des membres de leur parti ait fait un travail si exceptionnel que cela mérite une prime. Et même si c’était le cas, il est évident que lorsqu’on est dans une situation difficile, en tant que «leader» on doit prêcher par l’exemple. Si nous sommes en situation où nous devons nous serrer la ceinture, cela les concerne aussi. Et que dire de la dernière nouvelle? On voudrait augmenter le salaire des députés d’environ 55%… Je ne vois pas comment il est possible que nous soyons en austérité après ça. À moins que l’austérité ne concerne que les pauvres. Dans ce cas-là, je comprends tout à fait ce que le gouvernement fait.

Finalement, j’aimerais aussi parler un peu de la dette. Celle qui fait si peur aux citoyens. Encore une fois, un gouvernement ne se gère pas de la même façon qu’une famille. La dette que nous avons au Québec n’est pas impressionnante. Je crois que nous ne devrions pas nous laisser intimider par les banques. La dette est loin d’être catastrophique, et au contraire, si on réduit nos dépenses et nos revenus, c’est à ce moment que la dette le deviendra. Nous devrions investir pour que chaque personne dans notre province puisse dépenser et ainsi augmenter nos revenus par le biais de nos impôts et nos taxes. Encore une fois je ne suis pas le seul qui tient ce propos. L’Institut de recherche et d’information socio-économiques (IRIS), essaie de démontrer les pièges dans lesquels il ne faut pas tomber lorsqu’on parle de la dette. Et c’est exactement sur ce principe que le gouvernement mise lorsqu’il parle de la dette: les pièges. En effet, le chiffre qu’on nous présente est toujours exagéré. On voit une cumulation de toutes les dettes sans distinction alors qu’il est essentiel de préciser qu’il y a une différence entre les «bonnes» et «mauvaises» dettes. Celle que l’on dit «bonne» représente nos investissements, qui, malgré que l’on n’en parle pas, représente près de 68% de la dette. Est-ce que le gouvernement est de mauvaise foi? Personnellement, je commence à croire que oui.

Donc, pour conclure, on parle de devoir faire des économies, alors que notre «devoir» serait de faire l’inverse. Nous ne sommes pas en période de récession, mais si on suit la tendance, cela arrivera plus vite que prévu. Le gouvernement (que ce soit le PQ ou le Parti Libéral) n’a pas le bien-être de la population à cœur ou alors il se croit plus brillant que la plupart des analystes du monde. Dans les deux cas, j’ai peur pour le Québec, pour le Canada et pour le monde en général. Tant que la population ne passera pas par-dessus la propagande actuelle, nous aurons un grand problème.

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