Opinion : Vraiment représentative?

0
Publicité

Par Francis Girard, étudiant au Département de sciences de la gestion

Suite à la lettre d’opinion Ann-Julie DuRocher, vice-présidente aux affaires sociopolitiques de l’AGE UQTR, parue dans le Nouvelliste le 1er février. Vous remettiez alors en question la démarche «vraiment participative?» du Sommet de l’enseignement supérieur du Québec.

Après avoir participé aux assemblées touchant la crise étudiante et participé à la manifestation le 22 mars 2012, permettez-moi de parler de la crédibilité de l’association que vous défendez, sur le plan de la représentativité, avec les valeurs véhiculées par l’exécutif. Laissez-moi exposer ma compréhension de l’article que vous avez dûment rédigé.

Vous fustigiez le Sommet puisqu’il était, depuis le 27 janvier dernier, fermé à toute éventualité de discussions sur la gratuité scolaire. Vous reprochiez au gouvernement actuel ses coupes en éducation supérieure depuis le dernier budget. Vous avez témoigné de votre impression du manque d’écoute envers notre association, qui est de fait indépendante et non affiliée à des associations quelconques nationales. Vous réitérez le souhait de tenir des États généraux sur l’éducation et que le Sommet n’était autre qu’une parodie, un spectacle de relations publiques. Vous remettiez en question le poids de la participation de l’AGE UQTR et de l’écoute de nos dirigeants.

Les assemblées de l’AGE UQTR peuvent vraisemblablement ressembler à une mise en scène, une parodie. Lors du vote du 14 mars dernier, on a proposé de reprendre une vieille résolution qui proclamait des États généraux sur l’éducation, greffé à un mandat de grève. La majorité des étudiants présents en assemblée n’avait alors jamais voté sur l’orientation de cette proposition. Elle avait bien sûr été montée de toutes pièces, par quelques membres influents de l’exécutif. Nous connaissons la suite, lorsque les étudiants se sont retrouvés en grève générale illimitée, ils ont rapidement battu à grande majorité la proposition. Toutefois, nous avons toujours conservé la même orientation d’États généraux, malgré des quorums presque insuffisants.

Est-ce que tous les étudiants avaient leurs voix au sein du débat étudiant? Permettez-moi d’en douter! Avant la mobilisation du 22 mars, j’ai pris part à des manifestations sur le campus, redoutant que les hausses subites remettent en question l’accessibilité aux études. Après une entrevue avec une journaliste, l’attaché politique François Landry m’a demandé de m’abstenir de déclarations aux médias. J’avais bien sûr une position mitigée sur le conflit. Je ne reflétais pas la position de l’association qui aura été battue dans les jours suivants. Vous appelez ça participative?

Sans parler de la crédibilité de quelques membres de l’exécutif. Le dernier président élu par suffrage a eu un nombre de votes record pour la chaise vide, laissant paraître que les étudiants auraient aimé d’autres candidats. Il a été forcé de démissionner dans les jours suivants. Même le Conseil administratif remettait en question ses compétences. Les valeurs de ses postulants n’ayant pas le consensus sociopolitique étudiant, mais le fruit d’une minorité. Selon moi, un bon leader va conduire les étudiants dans la voie qu’ils préconisent. Mais à la place, ce sont leurs points de vue qu’ils veulent nous forcer à porter au bout de nos bras. Nous voyons ensuite notre vice-présidente aux affaires sociopolitiques se targuer d’être la porte-parole de 10 000 étudiants. Quelle fabulation!

Est-ce que mon association étudiante a une vision juste, honnête et équitable, non seulement envers les étudiants, mais envers l’ensemble des Québécois? A-t-elle le souci des générations futures? Le discours de la gratuité se résume à peu de chose : c’est les autres qui vont payer!

Au Québec, environ seulement 10% de la population possèdera un diplôme universitaire. Ces gens veulent donner au suivant l’entièreté de la facture, à des gens qui ne mettront jamais un pied sur un campus. Nous avons été les champions de l’accessibilité, ne portant pas davantage de gens à s’inscrire à l’université que dans d’autres provinces. Cela fait des années que nous maintenons des frais de scolarité les plus bas en Amérique, et pourtant nous continuons à avoir le plus faible taux de diplomation. Logique et conséquent? Le nerf de la guerre n’est pas là.

Je crois que nous devons changer la perception des études supérieures, en montrant le bienfondé de la diplomation, tant pour les futurs étudiants que pour les entreprises. Nous sommes un peuple qui manque cruellement d’ambitions, nous nous devons de changer les mentalités. Les entreprises pourraient contribuer davantage à notre système éducatif supérieur, sans qu’il soit soumis aux aléas du marché. La création d’un fonds auquel les entreprises seraient invitées à contribuer serait une solution intéressante au lieu de chercher à renflouer les coffres des universités sur le dos des étudiants, comme s’ils étaient clients.

Nous devons nous doter d’un système concurrentiel internationalement. Pour faire face au déclin démographique, il faut savoir attirer des étudiants internationaux qui sauront devenir une main-d’œuvre qualifiée. La solution : un gel relatif à moyen terme, en privilégiant une indexation sur le revenu des ménages. Voilà un système éducatif que le Québec a les moyens de se permettre et qui saura faire sa fierté.

Je crois que nous avons les moyens de nous faire entendre, en étant raisonnables. J’aimerais que mon association fasse partie des fédérations nationales. Que l’AGE UQTR tienne compte de la capacité de payer du gouvernement et du contribuable. Qu’il y ait une équité entre les générations, afin qu’il y ait un enseignement durable. Nous pourrions alors développer davantage notre réseau universitaire et nous pourrions continuer à jouer un rôle de développement social et économique au Québec. Malheureusement, ses décisions ne s’orientent pas vers les buts des fédérations nationales et perdent la chance de se faire entendre. L’association se retrouve ainsi isolée.

Pour conclure, si l’on semble dire que nous n’avons pas notre voix au sein du Sommet, peut-être que le problème est du côté des représentants. 10 000  étudiants, habituellement, cela parle fort! Mais en réalité, le discours étudiant de l’UQTR n’est que le fruit d’une minorité organisée. Un problème de vision, un problème de représentativité et non de participation.

Publicité

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici