Il y a quelques jours, j’ai sondé mon entourage (virtuellement, ça va de soi), afin de recueillir le plus d’articles possibles sur les effets involontairement positifs sur la planète à la suite du Coronavirus. En voici les résultats.
Il va de soi que je suis très loin de me réjouir de cette pandémie. Comme l’a si bien dit notre professeur d’histoire de l’UQTR Laurent Turcot à Tout le monde en parle dimanche dernier, on est véritablement en train de vivre un moment historique, et pas pour les bonnes raisons.
Bien que cette crise soit extrêmement anxiogène, et que le nombre de cas ne cesse de grimper, il y a de bonnes nouvelles : la planète, laissée à elle-même, reprend ses droits.
Une décroissance forcée
Je prêche depuis plusieurs années maintenant la décroissance. Eh bien, une chose que cette pandémie nous a fait réaliser de force, c’est bien que la décroissance est non seulement possible, mais c’est bien ce qu’on pratique, malgré nous, en ce moment. Nous ne pourrons probablement pas revenir en arrière, comme l’a si bien illustré Guillaume Hébert pour l’IRIS dans son texte «Le retour à la normale n’est pas une option».
Rester à la maison, cuisiner, travailler moins (même si perdre son emploi, ce n’est pas positif du tout dans notre cas, bien sûr), se déplacer beaucoup moins, exploiter moins de ressources. On se rend compte que finalement, on n’en avait pas BESOIN, de cette crème pour le visage. Pas BESOIN de cette bébelle en plastique. Par contre, on a besoin de nourriture, de médicaments, de culture, d’art.
Une anecdote qui m’a toujours marquée en tant que littéraire, c’est celle que nous avait racontée notre professeure Manon Brunet sur les mineurs chiliens. Vous vous souvenez de ces 33 mineurs chiliens qui sont restés coincés trois mois sous terre? Parmi leurs requêtes, l’une des premières choses qu’ils ont demandées a été… des livres de contes. De la littérature. Au cœur de la survie, c’est là qu’on réalise ce dont on a réellement besoin comme société. Et un environnement sain est en tête de liste.
Alexis a écrit sa chronique sur la décroissance en lien avec la crise actuelle, lis-la ici
Une bonne nouvelle pour les animaux
Pour les véganes de ce monde, il y a quelques bonnes nouvelles à célébrer. Selon National Geographic, «le gouvernement chinois a décidé de rendre l’interdiction de vendre et de consommer des animaux sauvages permanente. […] La nouvelle législation devrait par ailleurs stipuler que le commerce d’animaux sauvages à des fins médicinales, de recherche ou pour en faire des animaux de compagnie sera sujet à un système d’approbation « strict » et à des procédures de mise en quarantaine».
On pense au pangolin, l’animal sauvage le plus braconné au monde, qui était suspecté d’être à la source du Coronavirus, dont la vente est désormais en chute libre. Cette espèce est en danger critique d’extinction, or en étant un bouc émissaire pour cette pandémie, on le laisse maintenant tranquille.
On voit aussi toutes sortes d’animaux se réapproprier les espaces publics, maintenant que les humains les quittent. Faute de bruit dans les rues, de mouvement et d’essence dans l’eau, de déchets. Comme quoi quand le chat se place en isolement, les souris dansent…
Aplatir la courbe de la pollution
On a beaucoup parlé de la fameuse courbe à aplatir du Coronavirus (dont l’une de nos rédactrices a parlé dans cet article très bien vulgarisé). Une autre courbe qui m’intéresse est celle de la production de CO2, qui a baissé drastiquement dans les derniers jours et qui continuera à le faire pendant plusieurs semaines. Sans oublier que les eaux de Venise sont redevenues claires et la pollution atmosphérique de la Chine s’est éclaircie.
Selon la Presse, les émetteurs de CO2 habituels sont au ralenti. De moins en moins de voitures qu’on dirait « récréatifs » sont sur la route, ce qui veut également dire qu’il y a baisse de vente de carburant. Vous avez peut-être vu comme moi les stations-services afficher des prix aussi bas que 90¢/litre. Et que dire des avions ? Avec la fermeture des frontières ainsi que les aéroports fermés, on ne verra plus d’avions transporter des vacanciers et vacancières pour un moment.
Pierre-Olivier Pineau, professeur au HEC, dit à la Presse que l’«on pourrait atteindre nos objectifs [de réduction] de 2020» au rythme actuel. Jeff McMahon de Forbes avance même que l’on aura sauvé plus de vies en baissant la pollution qu’en prévenant l’infection.
Passage au numérique
Tous les domaines se tournent maintenant vers le numérique pour la continuation de leurs activités. Le milieu culturel est un chef de file depuis quelques jours (Ariane Lebeau en parle d’ailleurs dans son article ici).
Le numérique a quand même son poids de pollution (comme je l’expliquais il y a deux ans dans une chronique). Or, le télétravail et le passage au numérique restent salutaires pour Gaïa, puisqu’on dit adieu aux déplacements en voiture vers le lieu de travail, on réduit la consommation de ressources pour des locaux de travail, on a la chance de réduire nos déchets en mangeant à la maison et j’en passe.
J’espère que cette crise sera une opportunité d’avoir un aperçu d’un monde qui revient à l’essentiel et qui prend une pause pendant quelques semaines. Retrouvons-nous, serrons-nous les coudes, et soyons solidaires.
Comme on le dessine dans nos fenêtres, ça va bien aller (et si on continue à réduire nos émissions de CO2, ça va surtout bien aller pour l’environnement).
Si vous voulez en lire plus sur les impacts des mesures liées au Coronavirus sur la planète, je vous conseille ces lectures :
- «Coronavirus, Degrowth and Self Isolation» de Brian Davey (lire ici)
- «20 photos show that the planet needed to breathe. Animals begin to reappear around the world» (voir ici)
- «Le retour à la normale n’est pas une option» de Guillaume Hébert (lire ici)
- «Les mesures d’isolement sont bénéfiques pour l’environnement» de Jean-Thomas Léveillé (lire ici)
- «Coronavirus Lockdown May Save More Lives By Preventing Pollution Than By Preventing Infection» de Jeff McMahon (lire ici)
- «Coronavirus: NASA Reveals How China’s Lockdown Drastically Reduced Pollution» de Trevor Nace (lire ici)